samedi 11 juin 2011

Pas grand chose

Le réveil sonne. Il sursaute à l'alarme. Dès le réveil il a le goût de rien et des douleurs un peu partout. Il sort du lit conjugal ou du matelas derrière le canapé du salon. De toutes façons où qu'il dorme, il ne s'y sent pas bien, de trop, étranger, attrapé d'insomnies rebelles et récurrentes. Dehors il fait encore nuit. Il se glisse sous la douche, espérant qu'elle lui lisse les contours rugueux, saute dans un jean trop serré, avale un thé, déglutit sous l'amertume du solitaire. Dehors le jour se lève à peine. Il sent son coeur s’accélérer, une extra-systole mal placée, qui dérape. Battre, battre, combattre. Entre deux battements, c'est pas tout à fait mort. Mais il éteint les choses en dedans, il suicide ses rêves doucement. Il prend ses clés de voiture gris-anthracite (qu'elle croise sans arrêt sur les routes, mais ce n'est pas lui). Il cherche au fond de ses poches un peu de force, il fouille dans les recoins, pas grand chose. Il s'en va sur sa route frapper aux portes closes pour gagner sa vie comme presque tous les matins. Une vie dont il ne sait plus vraiment quoi faire d'autre. Une vie remplie de rêves récemment assassinés. Il lève les yeux et regarde le gris du ciel qui voudrait bien pleuvoir, sent le vent qui sème le doute. Et d'elle, il ne veut plus rien savoir, alors qu'il sait qu'elle cultive des petites graines de douceur qui continuent de rouler au creux du cœur.

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