jeudi 14 juillet 2011

La bombe qui veut pas sauter

Ne m'attends pas ! Ne me fais plus confiance ! C'est ce qu'il m'a dit, comme ça, du jour au lendemain. Enfin c'est ce que j'ai cru entendre qu'il a dit. C'est que parfois les paroles sont si fortes qu'on reste abasourdie et les mains sur les oreilles. J'ai donc fait la sourde oreille, la tête et même aussi la gueule. Je ne savais pas quoi répondre. Il aurait fallu que je me taise peut être ? Puis moi j'ai explosé, une déferlante, un ras de marée. J'ai tout englouti, noyé. Mais ça ne m'a pas suffi, il fallait que je fasse l'héroïne, que je me jette sur le mur refermé. Réentendre quoi ? Combien de fois ? Être sûre vraiment ?
C'était quoi ce missile enterré, cette bombe qui veut pas sauter ? Ne m'attends pas, ne me fais plus confiance, avec ses lames de rasoir, sa petite pluie de grenailles. J'en ai fait le tour plusieurs fois, des montagnes de fois, avec tous mes outils de devineuse indécise, en avant, en arrière. C'est quoi ce truc épouvantable qu'il m'a laissé sur les bras ?

mardi 21 juin 2011

Mais quelle boule quies le pique ?

A quoi servirait-il d'être un bélier si ce n'était pas pour défoncer les portes fermées ? Surtout quand par le petit trou de la serrure, on se retrouve dans les bras d'un homme désiré ! hein ! Ben dis moi ! Étonnamment dotée d'un culot hors du commun je ne vois pas pourquoi je n'irai pas me faire déculottée par ses mains jouisseuses.. Hum, l'homme ne l'entend pas ainsi. On se demande même quelle boule quies le pique ? Il se bouche les oreilles très fort pour ne pas entendre les Toc Toc. Mais pourquoi donc résiste-t-il ? C'est une habitude chez lui de faire la sourde oreille. Si il n'a pas entendu, il n'a pas à répondre. Parce que si il devait répondre, il serait bien embêté. Comment exprimer une envie qu'on réprime ? C'est pas entendable. A ces histoires de non-dits muselés, moi je n'y comprends rien. En quatre heures de temps cet homme d'oublieuse mémoire, qui refuse d'entendre, je serai tout à fait capable de le tournebouler ! Je le sais ! Je le sens ! Moi je n'oublie pas. Je l'ai vu s'épanouir, s'émerveiller, se révéler à mon contact. Si facilement, si simplement, comme une évidence. Je n'ai pas encore trouver la faille, la porte résiste, ce qui aiguise mes sens et je redouble d'ingéniosité. Il y a des tas de gens qui devant les difficultés baissent les bras. Moi, jamais ! Je prendrai tous les contours et les chemins les plus ardus si il le faut. Un jour je saurai le débusquer. Oh, je ne vais pas y passer le restant de ma vie. Le jour où je ne le sentirai plus je tournerai les talons, mais pas avant. Hors de question que je baisse l'échine. J'ai la chance d'être vive et fière, mon regard qui pétille dans l'adversité est une arme redoutable car elle vient du dedans. Ce n'est pas qu'une apparente ténacité, c'est une pulsion de vie, vers la vie, vers demain qui sourit.

samedi 18 juin 2011

Un cuisine peut en cacher une autre

Avant hier, je sors de chez une copine qui habite le même village que lui. Mon émotion est plus forte, l'impression que je pourrai le toucher à être aussi près. Je passe devant son impasse. Une impasse avec une barrière où tu ne peux pas passer sans le code. Et je n'ai pas le code. C'est pas commun ça, tout un lotissement dans lequel tu ne peux pas pénétrer. Ah ! Il est bien gardé ! Je laisse passer un enfant et sa mère qui sortent de l'école juste en face. Et je le vois, au volant de l'autre voiture tirant une petite remorque avec un meuble dedans. Il passe sa barrière qui se lève à la télécommande. Mon coeur bondit. Je l'observe, il ne me voit pas. Je laisse passer d'autres enfants sinon je me serais trouvée nez à nez avec lui. Un meuble de cuisine dans la remorque. Mon coeur s'emballe, mince il déménage ! Il le prend finalement son appartement ! Une envie irrépressible de le suivre. Interprétation hâtive. Le meuble, sans doute celui de l'ancienne cuisine, celle qu'il a refaite il y a deux mois et qu'il va jeter à la décharge ?... Deux solutions. Je me gare sur le côté. Si il est de retour dans quinze minutes, c'est qu'il est juste allé le jeter aux encombrants. J'ai chaud. J'hésite. Et si je le suivais ? Et si je lui envoyais un texto pour lui dire que je suis là derrière lui ? A tergiverser, les quinze minutes sont passées. Je transpire dans cette chaleur moite de fin d'après midi. Le ciel est couvert. Je suis encore là, garée sur le côté. Et le voilà qui revient, la remorque vide. Il me croise sur l'autre voie. je baisse un peu la tête tout en l'observant. Mon coeur bat trop fort là au centre du corps. Je respire mal. Son air est sérieux et concentré, il ne me voit pas pour la deuxième fois. Pourtant il aurait suffi qu'il tourne légèrement la tête, qu'il réagisse à la couleur bleue-marine de ma voiture. Et là j'aurai croisé son regard. Je suis plombée. Il a sa tête de mari parfait qui accomplit ce qu'il doit. La cuisine. On devrait toujours se méfier des cuisines. Si ça se trouve il n'est resté qu'à cause de cette maudite cuisine. Des travaux en perspective, un rôle, une action à jouer au coeur de sa famille. Quel couple n'a pas refait la cuisine pour se recoller les morceaux ? C'était cousu de fil blanc. Quelle idiote je fais ! Je repars anéantie. Sur la route du retour, les larmes roulent. Je ne peux pas les retenir.

samedi 11 juin 2011

Pas grand chose

Le réveil sonne. Il sursaute à l'alarme. Dès le réveil il a le goût de rien et des douleurs un peu partout. Il sort du lit conjugal ou du matelas derrière le canapé du salon. De toutes façons où qu'il dorme, il ne s'y sent pas bien, de trop, étranger, attrapé d'insomnies rebelles et récurrentes. Dehors il fait encore nuit. Il se glisse sous la douche, espérant qu'elle lui lisse les contours rugueux, saute dans un jean trop serré, avale un thé, déglutit sous l'amertume du solitaire. Dehors le jour se lève à peine. Il sent son coeur s’accélérer, une extra-systole mal placée, qui dérape. Battre, battre, combattre. Entre deux battements, c'est pas tout à fait mort. Mais il éteint les choses en dedans, il suicide ses rêves doucement. Il prend ses clés de voiture gris-anthracite (qu'elle croise sans arrêt sur les routes, mais ce n'est pas lui). Il cherche au fond de ses poches un peu de force, il fouille dans les recoins, pas grand chose. Il s'en va sur sa route frapper aux portes closes pour gagner sa vie comme presque tous les matins. Une vie dont il ne sait plus vraiment quoi faire d'autre. Une vie remplie de rêves récemment assassinés. Il lève les yeux et regarde le gris du ciel qui voudrait bien pleuvoir, sent le vent qui sème le doute. Et d'elle, il ne veut plus rien savoir, alors qu'il sait qu'elle cultive des petites graines de douceur qui continuent de rouler au creux du cœur.

mercredi 8 juin 2011

On laisse un petit papier froissé

Faire défiler le répertoire, car il n'est plus dans les appels récents, retomber sur le numéro de téléphone. Ce numéro  n'est pas un complément d'objet. C'est un petit espace. Une faille dans le mur. Un fil qui pend. C'est le seul truc qui pourrait être encore vivant. Une série de chiffres qui évoque la chaleur de cet hiver. On n'appelle pas. C'est trop tard. L'hiver est révolu, le printemps tant attendu n'est pas venu. On n'efface pas non plus. Ce serait comme murer un passage secret. On laisse un petit papier froissé avec un petit cœur enfantin dessiné, en écoutant la sonnerie imaginaire, qui de toutes façons ne décrocherait pas. On promet en silence de rappeler un jour, en espérant que le numéro n'aura pas changé.

Le printemps n'est pas venu

Le printemps n'est pas venu
elle est assise là
avec son écharpe de laine
et ses yeux étranges
à regarder le printemps
qui n'est pas venu

Quelqu'un lui dit
pour la consoler
que c'est plutôt l'hiver
qui a loupé son train
et qu'il reste ici
à attendre le printemps avec eux

mais elle lui assure que non
que l'hiver n'y est pour rien
dans tout ça
tout est de la faute
du printemps qui n'est pas venu
alors il capitule

Parce que la fille
le sait bien qu'ici
on ne badine pas
avec l'hiver
quand il se prend
pour le printemps

dimanche 29 mai 2011

Etienne Daho - Ouverture (Live)

N'oubliez pas qu'elle est comme l'eau vive

texte écrit le 16 mai ailleurs.

Ce matin, le soleil à travers les petits trous du volet est venu caresser ma joue, et faire cligner mes yeux, une légère douleur à l'épaule, les reins cassés. Je me tords dans le lit pour décoincer mon corps raidi par un sommeil de plomb. Il semblerait que j'ai bien dormi, sans rêve a priori. Je repousse la couette qui me tient trop chaud, et dénude mon corps. Le découvrir à la lumière tamisée, là abandonné, peau douce et déjà bronzée, est un appel à ses caresses, son regard marron-chocolat si...
Je sors du lit. Revêts mon peignoir rouge. Ma poche droite est vide comme un verre triste. Dans la gauche, je cache des sens aiguisés et un indéfectible appétit. Le café a bizarrement bon goût ce matin. Le vent au dehors me rappelle qu'il faut que j'arrose mes fleurs et mes légumes. Ils n'ont pas le droit de mourir de soif sous les bourrasques eux. Je les bichonne. Arrache quelques mauvaises herbes. Les volubilis sont sortis près de la palissade. Cela fait des années que nous n'avions pas eu un aussi beau printemps. Un comble, un pied de nez ironique je trouve, à cette histoire amputée. Ils n'en ont rien fait, ledit printemps venu. Juste un fait divers (d'hiver) et rien de plus.
Puisque le nu et le jus sont vulgaires, puisque je refuse de porter le costume requis pour avoir mes entrées au grand dîner, puisque mes cheveux sont trop indisciplinés, ma personnalité trop libre et dérangeante, ma fougue trop impétueuse, j'étais promise à l'avance au rôle d'Esméralda. Et bien oui, je mange avec mes doigts. Je baille et hurle quand j'ai faim et soif. Mes pieds nus sur les pavés dansent à découvert, mes pas larges envolent mes jupes, dévoilent mes cuisses. Mes épaulent roulent sous les regards, mon regard est direct. Je sais que j'ai le pouvoir de vous faire voir ma peau quand j'expose sa seule sensation. Et d'un souffle réveille vos souvenirs. Vous sentez alors la chaleur de mes mains glisser sur votre peau, la dentelle se froisser sous vos doigts, la sueur naître au creux de vos reins. J'ai un véritable élan vital en moi et je vais cesser de le laisser enfermé, je vais lui ouvrir la porte et le laisser n'en faire qu'à sa tête.

Et la théière prend la poussière

texte écrit le 15 mai ailleurs..

Je me réveille étourdie. Je bronche sur une chaussure abandonnée dans l'escalier, elle a sans doute une bonne raison d'être là, tout comme la poussière se marie bien à l’étagère se trouvant à ma gauche, tout comme la toile d’araignée s’offrant à l’angle du plafond. Le silence est interrompu par l'arrogance d'un vent violent ce matin.
Quelques heures plus tard, le balai se repose, il me dit qu’après tout, pourquoi vouloir lutter contre  Mistral et Tramontane, sont trop fous ces deux là réunis.
J'erre dans mon aquarium sans eau, je fais des bulles avec mes mots, je déambule en fantôme accompli, j’ « oisive » en statue mal sculptée.
Je vais faire pipi…
Voilà c’est fait, je bois mon énième café-clope. Mince j'ai oublié de me laver les mains entre le pipi et le café. Tant pis, je n'accomplis que les gestes essentiels aujourd'hui. Je n'ai pas encore croisé ma salle de bain, ni le miroir au reflet de l'égo. Je suis clocharde, les cheveux en bataille, probablement une gueule de rien. Ma féminité s'est perdue quelque part entre mon lit et mon tabouret. J'ai encore Morphée dans ma poche et des poches sous les yeux. Mais le vent dehors s'en fiche royalement. Il ne s'attarde pas sur ces petits détails. Il cherche à me séduire quand même par tous les moyens. Il me joue son jeu des bourrasques, mais je n'ai aucun atout dans les mains pour gagner. D'ailleurs je me laisse choir. Le seul truc que je voudrai aujourd'hui, c'est qu'il me lave le cerveau avec ses courants d'air. Qu'il chasse ce chagrin inconsolable, qu'il chasse surtout cette envie obsédante de lui, cet homme d'oublieuse mémoire qui remplit tous les interstices de cette grande maison. Tout me le rappelle. Pourtant j'ai changé tous les meubles de place, j'ai lavé mainte fois depuis son ADN, passé l'aspirateur. Peut-être reste-t-il son empreinte du pouce sur la porte d'entrée ou de sortie, tout dépend de là où l'on se place. En changeant les draps, trop longtemps laissés sans les laver, j'ai trouvé entre le matelas et le bois de la tête de lit, un mouchoir froissé et légèrement cartonné et comble de l’ironie le fameux tube bleu. Raahh !
Reste les six mètres carrés fatidiques dont je n'ai pu changer la disposition. J'ai bien inversé les tabourets aux couleurs de certains bonbons, dont l'un est un peu craqué sur le dessus. J'ai déplacé la dînette qui n'est pas cassée, c'est pas vrai, j'ai menti. Elle est et reste symbolique et on ne casse pas les symboles. Elle prend juste la poussière, n'a pas servi depuis qu'elle a contenu les gâteaux apéro dans la chambre d’hôtel. Il ne saura jamais que je comptais la lui donner pour son nouvel appartement. Raahh (bis). Mais il n'a pas pris de nouvel appartement, j'ai vérifié, sa voiture est toujours garée dans le jardin à côté de celle de sa femme.
La dernière fois qu'il est venu, il n'a volontairement pas bu le thé que je lui avais préparé, comme pour me signifier qu'il ne boirait plus de mon thé. C'est ma fille le soir qui a rangé toute la cuisine. Je ne sais pas si elle l'a fait exprès mais elle a rangé sur une étagère la théière remplie de son liquide sombre ultra infusé en laissant le sachet à l’intérieur. A ce jour le liquide a dû s’évaporer et le sachet doit être sec et tout rabougri. La théière est sur l'étagère et prend la poussière elle aussi. Je ne bois plus que du café.