dimanche 29 mai 2011

Etienne Daho - Ouverture (Live)

N'oubliez pas qu'elle est comme l'eau vive

texte écrit le 16 mai ailleurs.

Ce matin, le soleil à travers les petits trous du volet est venu caresser ma joue, et faire cligner mes yeux, une légère douleur à l'épaule, les reins cassés. Je me tords dans le lit pour décoincer mon corps raidi par un sommeil de plomb. Il semblerait que j'ai bien dormi, sans rêve a priori. Je repousse la couette qui me tient trop chaud, et dénude mon corps. Le découvrir à la lumière tamisée, là abandonné, peau douce et déjà bronzée, est un appel à ses caresses, son regard marron-chocolat si...
Je sors du lit. Revêts mon peignoir rouge. Ma poche droite est vide comme un verre triste. Dans la gauche, je cache des sens aiguisés et un indéfectible appétit. Le café a bizarrement bon goût ce matin. Le vent au dehors me rappelle qu'il faut que j'arrose mes fleurs et mes légumes. Ils n'ont pas le droit de mourir de soif sous les bourrasques eux. Je les bichonne. Arrache quelques mauvaises herbes. Les volubilis sont sortis près de la palissade. Cela fait des années que nous n'avions pas eu un aussi beau printemps. Un comble, un pied de nez ironique je trouve, à cette histoire amputée. Ils n'en ont rien fait, ledit printemps venu. Juste un fait divers (d'hiver) et rien de plus.
Puisque le nu et le jus sont vulgaires, puisque je refuse de porter le costume requis pour avoir mes entrées au grand dîner, puisque mes cheveux sont trop indisciplinés, ma personnalité trop libre et dérangeante, ma fougue trop impétueuse, j'étais promise à l'avance au rôle d'Esméralda. Et bien oui, je mange avec mes doigts. Je baille et hurle quand j'ai faim et soif. Mes pieds nus sur les pavés dansent à découvert, mes pas larges envolent mes jupes, dévoilent mes cuisses. Mes épaulent roulent sous les regards, mon regard est direct. Je sais que j'ai le pouvoir de vous faire voir ma peau quand j'expose sa seule sensation. Et d'un souffle réveille vos souvenirs. Vous sentez alors la chaleur de mes mains glisser sur votre peau, la dentelle se froisser sous vos doigts, la sueur naître au creux de vos reins. J'ai un véritable élan vital en moi et je vais cesser de le laisser enfermé, je vais lui ouvrir la porte et le laisser n'en faire qu'à sa tête.

Et la théière prend la poussière

texte écrit le 15 mai ailleurs..

Je me réveille étourdie. Je bronche sur une chaussure abandonnée dans l'escalier, elle a sans doute une bonne raison d'être là, tout comme la poussière se marie bien à l’étagère se trouvant à ma gauche, tout comme la toile d’araignée s’offrant à l’angle du plafond. Le silence est interrompu par l'arrogance d'un vent violent ce matin.
Quelques heures plus tard, le balai se repose, il me dit qu’après tout, pourquoi vouloir lutter contre  Mistral et Tramontane, sont trop fous ces deux là réunis.
J'erre dans mon aquarium sans eau, je fais des bulles avec mes mots, je déambule en fantôme accompli, j’ « oisive » en statue mal sculptée.
Je vais faire pipi…
Voilà c’est fait, je bois mon énième café-clope. Mince j'ai oublié de me laver les mains entre le pipi et le café. Tant pis, je n'accomplis que les gestes essentiels aujourd'hui. Je n'ai pas encore croisé ma salle de bain, ni le miroir au reflet de l'égo. Je suis clocharde, les cheveux en bataille, probablement une gueule de rien. Ma féminité s'est perdue quelque part entre mon lit et mon tabouret. J'ai encore Morphée dans ma poche et des poches sous les yeux. Mais le vent dehors s'en fiche royalement. Il ne s'attarde pas sur ces petits détails. Il cherche à me séduire quand même par tous les moyens. Il me joue son jeu des bourrasques, mais je n'ai aucun atout dans les mains pour gagner. D'ailleurs je me laisse choir. Le seul truc que je voudrai aujourd'hui, c'est qu'il me lave le cerveau avec ses courants d'air. Qu'il chasse ce chagrin inconsolable, qu'il chasse surtout cette envie obsédante de lui, cet homme d'oublieuse mémoire qui remplit tous les interstices de cette grande maison. Tout me le rappelle. Pourtant j'ai changé tous les meubles de place, j'ai lavé mainte fois depuis son ADN, passé l'aspirateur. Peut-être reste-t-il son empreinte du pouce sur la porte d'entrée ou de sortie, tout dépend de là où l'on se place. En changeant les draps, trop longtemps laissés sans les laver, j'ai trouvé entre le matelas et le bois de la tête de lit, un mouchoir froissé et légèrement cartonné et comble de l’ironie le fameux tube bleu. Raahh !
Reste les six mètres carrés fatidiques dont je n'ai pu changer la disposition. J'ai bien inversé les tabourets aux couleurs de certains bonbons, dont l'un est un peu craqué sur le dessus. J'ai déplacé la dînette qui n'est pas cassée, c'est pas vrai, j'ai menti. Elle est et reste symbolique et on ne casse pas les symboles. Elle prend juste la poussière, n'a pas servi depuis qu'elle a contenu les gâteaux apéro dans la chambre d’hôtel. Il ne saura jamais que je comptais la lui donner pour son nouvel appartement. Raahh (bis). Mais il n'a pas pris de nouvel appartement, j'ai vérifié, sa voiture est toujours garée dans le jardin à côté de celle de sa femme.
La dernière fois qu'il est venu, il n'a volontairement pas bu le thé que je lui avais préparé, comme pour me signifier qu'il ne boirait plus de mon thé. C'est ma fille le soir qui a rangé toute la cuisine. Je ne sais pas si elle l'a fait exprès mais elle a rangé sur une étagère la théière remplie de son liquide sombre ultra infusé en laissant le sachet à l’intérieur. A ce jour le liquide a dû s’évaporer et le sachet doit être sec et tout rabougri. La théière est sur l'étagère et prend la poussière elle aussi. Je ne bois plus que du café.